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#1 28-03-2011 20:18:43
- qwerty72
- Invité
DRAMATIC DIARY
~ Nouvelle idée, nouveau projet, nouvelle histoire.
CHAPTER ONE. DRAMATIC DIARY.
J'entame un journal intime. Je l'ai nommé "Dramatic Diary". Evidemment, d'un point de vue objectif, ma vie n'est pas si dramatique que ça. Mais, pour moi, elle l'est, parfois. Même souvent.
C'est Mme. Thurbet qui m'a conseillé d'écrire. Je l'ai écoutée. Toute façon, qu'est ce que ça peut me coûter ? Quelques euros, pour l'achat du carnet, et encore. La librairie me fait toujours des petits rabais. Je suis une cliente fidèle.
CHAPTER TWO. Sept bonnes raisons.
Sept bonnes raisons d'être ma soeur plutôt que moi :
1- Ma soeur est jolie. Très jolie. Elle a un sourire magnifique, des grands yeux marrons clairs qui lui donne un charme fou ! Elle a de beaux cheveux roux, mais pas comme les miens. Les siens sont tellement plus beaux ! Roux foncés. Avec de jolies boucles. Rien à voir avec les miens... J'ai déjà pensé à me faire une teinture, mais ma mère refuse catégoriquement. Elle dit que c'est une "marque de fabrique". Mon père aussi avait les cheveux roux.
2- Elle est populaire. Nous sommes toutes les deux dans le même lycée, à Paris, mais il existe une énoooorme différence entre nous deux : l'une existe, l'autre non. Tout le monde l'aime, au lycée. Elle fait partie des filles qui ont des déclarations tous les jours.
3- Ma soeur est super douée. Elle fait de la musique ! Elle joue merveilleusement bien du piano; mais aussi de la guitare, et de la batterie. En plus de tout ça, elle a une très jolie voix. Elle fait partie de la chorale de notre lycée. Et parfois, elle est sélectionnée pour jouer la partie piano d'un morceau ou pour, carrément, faire le chant en solo ! Moi ? Je me contente de faire le triangle.
4- Comme c'est la plus grande, elle a toujours ce qu'elle veut. Plus d'argent de poche, moins d'interdictions... Moi, en étant la cadette, j'ai pour seul droit le silence. Je mets la table, pendant que ma petite soeur regarde les dessins animés, et que ma grande soeur est au restaurant avec son copain. Injustice !
5- Tiens, en parlant de copain. Elle a un copain, elle ! Moi, en 15 ans, je n'ai jamais eu d'expérience amoureuse. Je ne suis pas normale. La preuve.
6- Elle a super prénom. Emilie, mais tout le monde l'appelle Emy. Je trouve que c'est trop mignon, comme surnom affectueux. Rien à voir avec le mien. Moi, on peut même pas faire de surnom. Je m'appelle Amélie. Enchantée.
7- Et surtout, surtout ! Ma soeur n'est pas Borderline.
CHAPTER THREE. Borderline.
Borderline : "Le terme de "borderline", ou "cas-limites", "état-limites" est d'abord vu dans son acception psychanalytique où le terme désigne un type d'organisation de personnalité spécifique située entre "l'organisation névrotique" et "l'organisation psychotique". Il repose sur l'angoisse de perte d'objet et se traduit par une insécurité interne constante et des attitudes de mise à l'épreuve de l'entourage incessantes."
En gros, je suis folle. Enfin presque; pas encore, mais ça ne saurait tarder.
" Le trouble de la personnalité borderline est un trouble de l'émotion. Ils ont une tendance à réagir plus intensément que les autres à des niveaux de stress moindres. L'on parle de dérégulation émotionnelle ou de surémotivité, d'hyperémotivité".(Définitions.non médicales). Les changements d'humeur soudain sont fréquents dans le trouble borderline."
Mes parents ont découvert que j'étais borderline après le CM2. J'étais en classe, nous faisions du découpage. Un de mes amis a soudainement eu l'envie de m'enquiquiner. Mais, rien de bien méchant. Il a juste tenté d'étaler de la colle sur ma joue. Si j'avais été relativement normale, j'aurais rigolé et je me serais vengé, gentiment aussi. Mais, à la place, j'ai crié et je lui ai lancé mes ciseaux dans la figure.
Pas de blessé. Il l'a miraculeusement évité.
Après cet incident, mes parents ont décidé de me faire consulter un psy. Ils pensaient simplement que j'étais une enfant avec un trop-plein d'énergie qui n'arrivait pas à la canaliser. Mais après deux ans de thérapie non-concluantes, et après avoir changé deux fois de psychologue, je suis tombée sur Mme.Thurbet. Une gentille femme. Relativement jolie, look classique, dans la quarantaine. Très souriante et douce. Je l'aime bien. Enfin, bref, après quels tests, et racontages de life, de ressentis, elle en a conclue que j'étais atteinte du trouble Borderline.
C'est assez dur à vivre. Toujours dramatiser pour rien. Surplus d'émotions, toujours envie de pleurer aux moindres gestes, aux moindres paroles venant des gens que j'aime. Excès de colère facile, sentiments de déprime... Peur qu'on m'abandonne. Et le pire, c'est qu'on ne contrôle rien.
Je vois toujours Mme.Thurbet. Ce petit trouble c'est accentué à l'adolescence, mais c'est normal, d'après elle. Je la vois 2 fois par semaine; le mardi et le vendredi.
Je n'ai qu'une chose à dire pour conclure. Dramatic Diary !
CHAPTER FOUR. Ressentis.
J'viens de découvrir quelque chose. Rien d'important, rien d'intéressant, mais j'avais envie de le dire.
Ce matin, au lycée, tout s'est déroulé à peu près normalement.
C'était le jour de la PHOTO DE CLASSE. Vous savez, cette photo où tout le monde est hideux, cette photo que vos parents vous forcent à acheter, cette photo qui une fois photocopiée arrive chez vos grands-parents et consorts. Enfin, moi, je n'ai pas vraiment de grands-parents à qui envoyer ma photo de classe. Les parents de ma mère sont morts l'année dernière dans un accident de voiture. Mon grand-père du côté de mon père, je ne l'ai connue que lorsque j'étais toute petite. Il a disparu ensuite, pas de nouvelles. Il ne reste plus que ma grand-mère. Mais elle est atteinte d'alzaimer et il n'y a plus rien à faire pour elle. Sûrement pour ça que mon grand père s'est tiré...
Enfin, bref.
Pour ce jour un peu spécial, j'avais décidé de mettre ma jupe préférée. Noire évidemment, avec mon collier Donut's, mes Docs Martens et mon noeud jaune dans mes cheveux roux. Non, pour moi, ce n'est pas vraiment excentrique. J'ai parfois fait pire, du genre jupe courte de gothique, chemise de gothique, collier Mister Jack. Malheureusement, je ne passe pas inaperçue, dans le lycée, avec ce style excentrique et mes cheveux d'un roux bien trop éclatant pour moi... Mais plutôt mourir que d'être un CLONE. Je n'aime pas les filles sans personnalités. Et, en contre-partie, elles ne m'aiment pas non plus.
Donc, je n'ai pas échappé aux critiques, et aux moqueries. Les gens au lycée ont un bas niveau d'intelligence.
En ce jour un peu spécial, toutes les classes passent une par une. Un surveillant vient nous chercher pendant un cours, nous descendons, nous nous asseyons et c'est parti ! Je suis toujours dans le premier rang, et cela depuis ma "tendre" enfance. Au deuxième, les "clones", les filles "normales". Toutes habillées pareilles, à croire que c'est en fait une SECTE. Jeans bleus moulants, marinières (c'est à la mode, et oui), écharpes motifs fleurs. Elles sont toutes blondes ou châtains. Dieu, que je me sens seule !
- "Souriez!"
-"On est obligé de sourire ?"
Je n'aime pas sourire, sur les photos. Ca me donne toujours un air débile. Pourtant, je suis plutôt du genre à rigoler pour un rien. C'est ce côté là que j'aime bien chez moi. Le seul côté. Malheureusement, mon côté "borderline" l'emporte.
-"Ouais. Faîtes plaisir à vos parents !"
Quand on a une mère hyper stressée, stricte, collante et un poil alcoolique, franchement, ça donne pas envie de faire plaisir.
-"Mmmfff..."
Je me suis contenté de faire la moue. J'aime bien faire la moue.
-"Allez, je compte jusqu'à trois. Un, deux, trois... SOURIEZ !"
FLASH.
Ca y est. Ma vie sociale est terminée !
J'ai vu la classe de ma soeur passer juste après la mienne. Ma soeur, bien intégrée dans sa classe, rigolait spontanément avec ses amis. Ca m'a donné envie de sourire à mon tour. Oui, car malgré mon horrible jalousie et sa façon un peu snob de me rabaisser, je l'aime beaucoup, ma soeur. Je me dis que si je n'étais pas comme je le suis, j'aurai pu être comme elle. Et ça me réconforte de savoir qu'elle, au moins, ne souffre pas. Elle ne le mérite pas.
CHAPTER FIVE. Mon papa.
Ce qui m'énerve le plus chez ma soeur, c'est qu'elle fume. Et ça ne date pas d'hier ! Dîtes-vous, elle a 17 ans, et elle a commencé à fumer à 13/14 ans, je ne sais plus. Complètement *** et immature. C'est ses "amis" qui l'ont poussé. Mon père fumait, lui aussi. Elle en a profité pour lui piquer une clope, un briquet. Le lendemain, elle l'a fièrement allumée devant le portail du collège, avec ses amis tout autour, excités à l'idée d'essayer à leur tour. Elle n'a pas arrêté depuis, même après la mort de mon père.
C'était l'année dernière. Mal aux poumons, toussotements trop répétitifs. Ca a alerté ma mère. Oui, parce que ma mère, c'est une grande stressée. Elle panique pour le moindre éternuement. J'ai horreur de ça.
Enfin, bref, du coup, il est allé voir le médecin, et puis, voilà. Diagnostiqué cancéreux des poumons (ça se dit, ça ?). On y croyait pas trop, même si, au fond, on savait qu'avec toutes les clopes qu'il fumait par jour, ça arriverait tôt ou tard. Direction hôpital, où il a fait plusieurs examens, qui s'avérèrent positifs. Mon père avait le cancer du poumon. La chimio n'a servie à rien. Il continuait à fumer, en répétant "toute façon, c'est comme si j'étais déjà mort". Il est décédé quelques mois plus tard. Tout c'est passé trop vite...
Il n'était pas très affectueux et communicatif. Mais on l'aimait, et il nous aimait (peut-être même autant que ces cigarettes !).
Après ce drame, ma mère a sombré dans l'alcool. Pffff. Et nous, alors, on fait quoi ? On fait pareil ? On fout notre vie en l'air avec une méthode aussi... lâche ?
CHAPTER SIX. Jack & Mélissa.
C'est le soir. Je viens tout juste de rentrer des cours. Après mon long trajet de bus, j'arrive enfin devant chez moi. Pffoooouuu. Je suis exténuée. Ma mère est affalée sur le canapé, Emy est sur l'ordinateur et Coralie -ma petite soeur- fait ses devoirs. Sage enfant.
Ma journée c'est vraiment bien passée.
L'après-midi, avec mes meilleurs amis, Mélissa et Jack, on avait prévu d'aller en ville, à l'Indien Boutique. On a pris le bus de ville, qui, comme d'habitude, était bondé de monde. Après m'être faufilée entre tous ces gens, stressés et tous autant fatigués que moi, je me suis assise par terre (vieille habitude, que voulez-vous !), enfin, sur le sol. Ben, oui, pas le choix ! Ce sont toujours les vieux, qui ont les sièges. Non, je ne suis pas contre cette injustice (OUI, INJUSTICE), simplement, je me dis que quand je serai vieille, je prendrai le bus de ville tous les jours juste pour faire ch... les jeunes ! Et ouais. Enfin, si j'arrive un jour à avoir plus de 40 ans. En fait, je voudrais mourir jeune.
Dès qu'une place s'est libérée, je n'ai pas réfléchi, j'ai carrément sauté dessus. Entre temps, j'ai percuté une vieille femme qui descendait, et qui ensuite à marmonné de vieilles insultes à mon égard pour ensuite disparaître dans le foule. Indifférente, je lui ai juste fait une grimace en me retournant, puis un gros sourire narquois. Jack a bien rigolé. J'aime beaucoup Jack. Il rigole toujours pour rien. J'aime bien ce côté là de lui. Je l'appelle toujours Mister Jack, mais ça l'énerve plus qu'autre chose.
Assise sur le siège, j'ai tourné la tête pour regarder ce merveilleux paysage que m'offrait Paris. Ironie, hein; Paris, c'est moche.
Quand je regarde la ville à travers la vitre, ce que j'aime regarder, ce sont les gens. Observer le moindre détail. Mais là, au lieu de passer d'une personne à une autre, je me suis arrêté sur un vieillard, d'au moins 60 ans, qui marchait doucement, un petit papier à la main, le nez en l'air, comme un chien qui chercherait son maître. Cherchait-il quelque chose ? Son allure me rappelait vaguement quelqu'un.
Mélissa me coupa dans ma rêverie.
Nous sommes arrivés devant la boutique, on y a fait un petit tour puis nous sommes ressortis, Mélissa et moi les mains vides. Jack, lui, avait deux paquets à la main. Il nous a regardé, puis nous les a tendus avec un grand sourire. Je l'ai ouvert comme un sauvage, morte de joie intérieurement. C'était adorable. Mélissa avait un bracelet rouge, avec des écritures japonaises que je ne comprenais absolument pas, mais ça lui avait plu, et il était vraiment très joli. Moi, j'avais eu droit à un sautoir; une grande chaîne en argent avec au bout une magnifique montre à Gousset comme dans l'ancien temps, avec un noeud au dessus. J'ai adoré. Il était magnifique ! Jack nous connaît bien.
Pour le remercier, nous nous sommes arrêté au premier bar et nous avons mangé des paninis au nutella. Bon, ça n'était pas du tout égal à ce qu'il nous avait offert. Mais on était tous heureux. Les après-midi comme ça me font du bien, et me permette d'oublier un peu mon quotidien et cette maladie infernale.
CHAPTER SEVEN. Pourquoi pas.
Je n'en peux plus.
Mal de tête toute la journée. Tremblements, peur au ventre, pleurs, insomnies. Pourquoi pas.
Vous savez, cette sensation que vous avez, quand vous vous disputez avec l'un de vos proches, ou que vous êtes un triste pour quelconques raisons. Ce mal être, cet énorme mal être incontrôlable, ces pleurs répétitifs, cette boule dans le ventre, ce pincement au coeur qui vous fait mal à en mourir... Tout cela, je le ressens. Fois mille. Et chaque jour.
C'est inexplicable.
Pourquoi ? Pourquoi est ce que je ressens tout ça ? Je me suis posée la question tellement de fois... La seule réponse que l'ont m'a donné dans la vie est "Borderline".
Mais qu'est ce que c'est, ça ? Un mot étrange pour définir un mal être infernal et éternel ?
Cette boule au ventre, qu'est ce que c'est ? Une façon de ressentir l'immense peur d'être abandonnée ?
Ces pleurs, à quoi ça sert ? Pourquoi est-ce que je tremble et je ne dors plus ...?
La lumière se change en ténèbres en quelques secondes. Il suffit d'un geste, d'une parole. Même si ce ne m'est pas adressé. Même si ce n'est pas méchant. C'est comme ça. Je ne peux rien n'y faire, je ne peux rien contrôler.
Personne ne me comprend. Je ne supporte plus...
CHAPTER HEIGHT.
Ca fait deux jours que je ne suis pas allée en cours. Je me sentais trop faible.
"Qu'est ce qui se passe ? Je ne t'ai pas vu au lycée aujourd'hui.
23 Nov. 2011 18:46
De : Jack"
"Petite crise de la maladie. Rien de grave, ne t'en fais pas...
23 Nov. 2011 18:51
A : Jack"
"Bien sur que si, je m'en fais. Qu'est ce qu'il s'est passé ...?
23 Nov. 2011 18:59
De : Jack"
Jack est adorable. Il s'occupe trop des autres, mais jamais assez de lui. Je suis sûre que parfois, il va mal, mais même si c'est vrai et que je lui pose la question, il me répondra qu'il va bien et passera à un autre sujet, me concernant, si possible. Inutile de marchander avec lui dans ce cas là, il ne dira jamais rien. Il est vraiment dur à cerner...
"Je ne sais pas. Ca vient tout seul... Mais ça va mieux, maintenant, je reviens en cours demain, promis. J'ai des choses à te raconter. On voit ça demain, d'accord ?
23 Nov. 2011 19:06
A : Jack"
"Désolé d'avoir mis du temps à répondre. Ok pour demain. Si tu vas pas bien, envoies-moi un message, tu sais que je serais toujours là, hein... Enfin, à demain, oui.
23 Nov. 2011 19:49
De : Jack"
"Pas grave. Bisous !
23 Nov. 2011 19:56
A : Jack"
"Pas grave"... Bien sûr que si, c'était grave ! Je n'aime pas qu'on me réponde trop longtemps après... C'est plutôt stressant. Moi, quand il s'agit de quelqu'un que j'aime, je lui réponds le plus vite possible, et je regarde mon portable toutes les deux minutes pour voir si on m'a répondu ou pas. Je suis comme ça...
Enfin, bref.
Le premier jour, je n'ai pas réussi à me lever. Je n'en avais pas la force... Je me suis couchée en pleurant, endormie en pleurant, réveillée les larmes aux yeux. Il était midi passé. Mes soeurs étaient déjà en cours, et ma mère devait écumer les bars. Je me suis levée avec un mal de tête énorme, et des vertiges qui me faisaient vaciller dans tous les sens. Je heurtais tous les meubles à proximité de moi, m'accrochant à eux pour éviter de tomber. Je me suis posée avec peine sur le canapé, encore tremblante. J'ai respiré un bon coup, puis je me suis levée pour prendre un aspirine. La lumière du soleil m'éblouissait et me faisait mal aux yeux, mais la chaleur qu'elle dégageait m'attirait. Je me suis alors posée près de la fenêtre,sur le balcon. Le ciel était gris, mais quelques rayons de soleil transperçaient cette immonde couche grise et noire de nuages, de pollutions. Dans les rues, les gens marchaient vite. Chacun de leurs mouvements dégageaient le stress, l'anxiété de la ville.
Je me suis vite lassée de ce spectacle, et je me suis recouchée.
Je ne me suis réveillée que le lendemain. Cette fois-ci, relativement tôt, vers 7h. Emilie se préparait déjà pour le lycée, et Coralie se réveillait en même temps que moi. Des bruits de vaisselles provenant de la cuisine attirèrent mon attention. Maman faisait-elle la cuisine ? Intriguée, je me levais et allais voir de mes propres yeux. Je vis ma mère, tasse à la main, tartine beurrée de l'autre, cherchant dans le frigo la confiture entre toutes les cannettes de bière.
-"Bonjour, ma chérie ! T'as bien dormi, hein ? Tu vas mieux ?
- Oui, ça va un peu mieux. Et toi ...?
- Ca va aussi. Tu es encore toute pâle. Restes à la maison, aujourd'hui. Tu n'as qu'à en profiter pour faire un peu de rangement."
Comme si c'était moi qui foutait tout ce bazar dans le salon. Des journaux partout, des cannettes sur la table basse, des papiers, des emballages de kinder bueno (ça, c'est signé Coralie !) et tout le reste. Malgré tout, je me suis contenté d'acquiser et je suis retournée dans ma chambre.
Ma soeur a pris le bus, et une demi heure plus tard, ma mère a accompagné Coralie a l'école, puis m'a dit qu'elle allait faire les courses et qu'elle ne reviendrait pas avant ce soir. Ce qui m'arrangeait fortement.
Je voulais aller dehors. Pas de risques de voir des gens du lycée, pas comme pendant le week-end. Je me suis donc confectionné un sandwich, que j'ai minutieusement déposé dans mon sac, entre mon agenda, mon porte-feuille et mon portable. Je suis sortie 10 minutes après, pour ne pas louper le prochain bus.
Je suis descendu au dernier arrêt. Il était à peine 8 heure du matin, il faisait frais. Dans la rue, il n'y avait que des trentenaires, qui marchaient désespérément jusqu'à leur lieu de travail. Et c'est pour cela que je fus aussi choquée quand j'aperçus ce vieil homme. Celui de la dernière fois. Toujours le même papier dans la main, toujours cette allure familière. Il avait l'air pressé, et tourna dans une des vieilles rues étroites que j'emprunte quand moi-même je suis pressée, ou en retard. Bizarrement, je pris le réflexe idiot de le suivre. Je marchais à une dizaine de mètres de lui, histoire de ne pas me faire repérer. Il s'arrêta brusquement devant un atelier de photographie. Vous savez, ces vieux magasins où l'ont se rend parfois pour développer nos plus belles photos. Il sorti une clé de sa poche et ouvrit le magasin. Je regardais les vitrines de plus près. Il n'y avait que des vieux modèles d'appareils photos, des argentiques. Rien à voir avec les numériques de nos jours ! Les modèles étaient tous magnifiques. Mais, prise par une angoisse soudaine, je décidais de faire marche arrière.
Je ne sais pas pourquoi, mais je suis rentrée chez moi. J'ai mangé mon sandwich assise devant la télé. Et je n'ai rien fait de toute la journée.
CHAPTER NINE. Alcoolique.
Hier soir, ma mère est rentrée tard, très tard.
Alors que ma grande soeur et ma petite soeur étaient déjà couchées et endormies depuis plus de deux heures au moins, moi, toujours insomniaque comme à mon habitude, j'entendis le bruit des roues sur le gravier. Machinalement, je regardais l'heure. 23h45. Etait-ce ma mère qui se décidait enfin à rentrer ? Je me suis levée, j'ai marché jusqu'à la fenêtre du salon pour y jeter un oeil. Une voiture noire. Non, ce n'était pas ma mère. Curieuse, je restais quelques instants pour savoir à qui appartenait cette voiture qui me semblait inconnue. Un homme sorti de la voiture, ferma sa portière, leva la tête puis fixa l'immeuble, un bout de papier à la main. Un papier à la main... Un homme... Serait-ce encore ce vieil homme mystérieux ? Paniquée à l'idée que ce soit lui, je me baissais rapidement, manquant de me cogner la tête sur le rebord de la fenêtre. J'ai attendu quelques secondes avant de lever la tête, discrètement, ne laissant dépasser que mes yeux et le haut de mon crâne. Dans l'ombre, l'homme était toujours là. Et fixait toujours l'immeuble. Mon imagination débordante me fit penser qu'il me regardait, moi. Un long frisson me parcouru l'échine, et, dans mon élan de panique, couru jusqu'à ma chambre pour me blottir dans mon lit. 23h59. Puis 00h00. Comme dans les films. Mes yeux fixaient le réveil. Le bruit du moteur de la voiture qui démarrait me fit sursauter. Moi alors, quelle idiote, d'angoisser pour une chose pareille !
Après m'être calmée, je me levais une seconde fois. Je ne trouvais pas le sommeil, encore moins que d'habitude. Je pensais, je pensais trop. A toute ma vie. Tout ce que je subissais, à cause de ma maladie, de ma mère alcoolique, de mon père décédé, et de mes cheveux roux. Je m'asseyais sur la table à manger. Mon portable était posé sur le rebord, et, surprise de voir que je l'avais oublié ici, l'attrapa et l'alluma. Un message de Jack.
"Tu viens demain, hein ?
24 Nov. 2011 23h32
De : Jack"
Tiens, il ne dormait pas, lui non plus ?
"Tiens, toi non plus, tu ne dors pas ? Je ne sais pas si je viens demain.
25 Nov. 2011 00h11
A : Jack"
"Non, je pense trop.
25 Nov. 2011 00h12
De : Jack"
"A quoi ?
25 Nov. 2011 00h13
A : Jack"
"... A toi ?
25 Nov. 2011 00h15
De : Jack"
QU.. QUOIIIII ??!!!!
Non, non, ce n'est pas possible. Qu'est ce qu'il raconte ?! Non, je n'y croyais pas. J'ai lâché mon portable, qui se brisa sur le sol. Au même moment, j'entendis des pas, quelqu'un montait les escaliers de l'immeuble. Quelques secondes plus tard, la porte s'ouvrit. Ma mère, enfin. Elle était mal, décoiffée, et fatiguée. Elle ne me vit pas immédiatement, il a fallu qu'elle pose sa cannette de bière sur la table pour m'apercevoir enfin et m'adresser un :
-"Amélie ??! Mais qu'est ce que tu fais ...d.. debout.. encore ?
-"Je t'attendais." Et ce n'était pas totalement faux.
-"Eeeeh, t'as cours, demain. Tu devrais pas faire ça !
-Et toi, alors ? Pourquoi tu rentres à cette heure là ?"
J'étais allée trop loin. Le visage de ma mère se crispa au fur et à mesure que je prononçais ma phrase. Puis, folle de rage, elle me poussa violemment et cria :
"TU N'AS PAS À ME DIRE CE QUE JE DOIS FAIRE OU PAS, SORS DE LÀ !!"
Elle cria tellement fort qu'un long silence régna pendant 10, voir 15 secondes. Elle me fixa longtemps, avant de s'effondrer à terre. Effrayée, je me suis empressée de la porter que je pouvais. Je l'ai allongée sur le canapé, puis je suis allée chercher un verre d'eau. Entre-temps, Coralie, qui avait le sommeil très léger, apparu dans le salon.
-"Qu'est ce qui se passe ?" me demanda-t-elle, à peine réveillée.
-"Ne t'inquiète pas, retournes te coucher, s'il te plaît", m'efforçai-je de dire sur un ton complaisant.
Sur ce, elle retourna dans sa chambre sans rien dire, se doutant sûrement que la situation n'était pas des plus plaisantes.
Ma mère se réveilla quelques minutes plus tard. Rien de grave, sûrement un peu trop bourrée et excédée. Elle me regarda longuement, avant de me murmurer, en larmes :
-"Excuse-moi, Amélie..."
Voilà, pourquoi je ne peux pas lui en vouloir. Rien n'est facile pour elle non plus. Perdre son mari, ses parents, dans la même période, ce n'est pas rien. Manquer d'argent et être à la charge de trois enfants, ce n'est pas rien non plus. Devoir les élever seule, et ayant pour seule pensée que si son mari était toujours là, tout serait plus simple, cela doit être si dur... C'est lâche, d'utiliser l'alcool pour tout oublier... Mais oublier, ce n'est pas une solution. Je pense que nous devons tous vivre avec tout nos souvenirs, tous, les bons comme les mauvais. Il ne faut rien oublier, pour avancer. Même si ces souvenirs nous font souffrir, il faut faire en sorte qu'ils deviennent précieux... Car je veux penser... Qu'aucun souvenir ne mérite d'être oublié. Je veux croire qu'un jour, nous parviendrons à les surmonter.
CHAPTER TEN. Believe.
Il est une heure du matin passée.
J'ai l'impression que plus j'écris dans ce carnet, plus mes souvenirs s'imprègnent dans mon corps, dans mon coeur. Qu'ils deviennent alors inoubliables, ineffaçables. Est-ce véritablement une bonne idée, d'écrire ce que je ressens ? N'est ce pas une certaine façon de s'en débarrasser, comme on rejète quelque chose d'impur, comme on se détache de sentiments qui nous font peur ...? Est-ce un moyen de libérer mon coeur de ses blessures ?
Je veux croire qu'un jour, j'évoluerai, je changerai enfin. Je voudrais tellement que les choses soient plus simples. Pour ne plus avoir de regrets, dois-je quitter ce maudit tourbillon qui m'affaiblit chaque jour un peu plus...? Je dois comprendre le sens de mon existence, ne pas le renier. Y croire enfin. Connaître, s'imprégner de la joie de vivre, en profiter pleinement. Ne pas oublier mes soucis quotidiens, mais les mettre un peu de côté quelques instants pour sourire sincèrement, rire franchement, et connaître ses instants que l'on nomme "bonheur".
Comprendre et croire que tout le monde y a droit. Que chaque être vivant peut y avoir accès. Que les erreurs peuvent être pardonnés, les excès oubliés.
Je souhaite sincèrement qu'un jour, nous parviendrons à être heureux. Ensemble. Maman, Coralie, Emilie, Jack, Mélissa, toutes ces personnes si chères à mon coeur.
CHAPTER ELEVEN. Monotone.
Ce matin, je suis allée au lycée. Cela faisait tout de même 2 jours, et il ne fallait pas que je manque trop de cours non plus (surtout que je déteste le rattrapage... Forcée d'aller en cours le week-end et le mercredi après-midi pour pouvoir tout rattraper à l'aide des professeurs... Une torture !).
J'ai franchi le portail d'un pas intimidé, comme mon premier jour au lycée. La boule au ventre. Pourquoi ? De quoi avais-je peur ...?
Arrivée dans le couloir, je me suis dirigée vers l'escalier 3, car c'est là-bas que nous nous retrouvons chaque matin, Jack, Mélissa et moi. Mais, surprise, ce matin, il n'y avait personne. Intriguée, j'avais décidé d'envoyer un message à Jack... Jack... un flash-back fit surface. Le fameux message d'hier soir. Rien que d'y penser, j'eus un gros pincement au coeur et lâchai mon portable une seconde fois. Il éclata par terre, ce qui ne manqua pas d'attirer les regards sur moi. Gênée, je décidais de monter directement au cours pour attendre la sonnerie.
Puis la journée passa lentement, lentement... Je vis Mélissa à la cantine, qui s'excusa de ne pas être venue ce matin car son bus était arrivé en retard. J'en ai profité pour lui demander des nouvelles de Jack, mais rien de concluant, elle non plus ne l'avait pas vu. Rassurée de savoir que ce n'était pas moi et seulement moi qu'il évitait, je pus passer la journée en quasi-tranquillité.
Je suis rentrée chez moi vers 17h30. Quand j'ai ouvert la porte, ma mère était au téléphone. Je l'ai entendu crier "LAISSE NOUS TRANQUILLE" puis raccrocher violemment . Qui est ce que ça pouvait être...? J'ai voulu demander, mais de peur que ma mère jette toute sa rage sur moi sous l'emprise de l'alcool, je n'ai rien dis et je suis allée dans ma chambre. J'ai jeté mon sac contre la porte, et je me suis affalée sur mon lit, écouteurs aux oreilles. Une journée des plus monotones...
Je me suis alors demandé qu'est ce que je pouvais faire pour animer un peu mes journées. Ma grande soeur Emilie m'avait simplement dit "Fait une activité !" mais, laquelle...? Je me sens incapable de tout. Elle, elle est douée pour la musique, et Coralie pour le dessin et la musique. Rien que ça ! Et moi, de quoi suis-je capable ? Je ne sais rien faire. Je n'apporte que des embrouilles, et des ennuis..
17h45. Je dois me préparer pour mon rendez-vous chez la psychologue, Mme. Thurbet. Je n'en parlerai pas ici, même pas à l'écrit. Tout reste entre elle et moi.
CHAPTER TWELVE. Brisée.
Il est 19h. Je viens de rentrer. C'est ma grande soeur qui fait le dîner, et ma mère n'est toujours pas à la maison... Ma petite soeur est dans sa chambre et regarde la télé.
Finalement, je me rends compte que plus le temps passe, plus je perds contact avec mes soeurs, et ma mère. Depuis la mort de mon père, tout s'est brisé. Comment a-t-on pu en arriver là ...?
21h36. Je suis allongée dans mon lit, mes soeurs sont aussi dans leur chambre. Sont-elles déjà endormies ? Ma mère n'est toujours pas rentrée... Je commence à avoir l'habitude. De cette maison vide, et froide, même quand elle est peuplée car au fond, ces gens, à la maison, ont-ils vraiment une présence ? J'ai plutôt l'impression que ce sont des ombres, des illusions, qu'on ne peut pas toucher, à qui on ne peut pas parler ou se confier. Est-ce tout simplement parce que j'ai peur ...? Si j'acceptais d'ouvrir mon coeur, est-ce qu'une de ses personnes au moins accepterait de m'écouter...?
J'ai tellement de mal à leur faire confiance, à me faire confiance. Depuis quand n'ai-je pas ris avec elles...? C'est si triste de se dire que nous n'avons pas vraiment parler ensemble depuis des lustres, alors que nous sommes à côté. Comment réparer ce fossé ...? Pourtant, moi, je sais que je les aime. J'en suis persuadé. Je meurs d'envie de leur parler. Mais... Si ce n'était pas réciproque ...? Ca me ferait tellement mal... Tellement mal que j'en mourrai. Alors... Je crois que... Que je préfère ne rien savoir pour le moment...
Trop de questions. Et jamais de réponses.
CHAPTER THIRTEEN. Du nouveau ?.
Ce matin, quand je me suis réveillée, ma mère n'était toujours pas là. Ma soeur déjeunait déjà. Après m'être préparée, nous avons pris le bus ensemble, toujours sans se dire un mot.
Arrivée au lycée, j'ai regardé de loin l'escalier 3, espérant voir Jack, mais rien. Il n'y avait que Mélissa. Je suis tout de même allée la rejoindre. Elle non plus ne savait rien de ce qui arrivait à Jack. Je me suis forcée à sourire tout la journée pour paraître la plus joyeuse possible, mais je ne l'étais pas. Pas quand Jack n'était pas là. Je crois que Mélissa a senti que j'étais mal à l'aise, alors elle a tout fait pour me remonter le moral. C'est dans ses moments là que je rends compte que malgré tout, j'ai une amie formidable à mes côtés...
La matinée est passée vite. Je n'ai pas mangé car j'avais quelque chose en tête. PLAN :
1- Pas cours l'après midi = temps libre
2- temps libre = temps pour résoudre énigme
3- énigme = vieil homme
Et oui. Je n'avais strictement aucune envie de retourner chez moi. Retrouver ma mère affalée sur le canapé, et en colère parce qu'elle avait dormi dehors tout la nuit, très peu pour moi. J'avais donc décidé de retrouver ce petit magasin de photographie et l'homme à qui il appartenait. Cette histoire m'avait intriguée. Et, pourquoi était-il devant mon immeuble l'autre nuit ? Qu'est ce qui était marqué sur ce bout de papier ? Je me faisais peut-être des idées. Oui, peut-être était-ce simplement un vieux fou échappé de l'asile qui cherchait désespérément l'adresse de son chat inscrit sur un bout de papier vierge. Vous imaginez ? Mais l'idée qu'il y ait autant de possibilités m'avait plu, et m'excita encore plus.
J'ai donc pris le bus de ville, qui m'amena à l'arrondissement où j'avais vu deux fois ce vieil homme. Après être descendue du bus, j'ai marché de façon à suivre exactement le même chemin que j'avais emprunté la dernière fois, celui qui me mena à la boutique. Je suis donc arrivée dans cette petite ruelle étroite et sombre, puis devant la boutique. A ma grande déception, cette dernière était fermée. Qu'allais-je faire ? Rester devant jusqu'à ce que le vieil homme arrive, ou marcher et le chercher ? Je pris la deuxième option. J'ai alors marché n'importe où, longeant désespérément les ruelles, regard vif, pendant presque 1h30. Cette petite marche m'avait épuisée, je me suis donc arrêtée dans un petit bar pour demander une canette de coca et m'asseoir un peu. Et là.. Surprise. Il était là. Assis à la table en face de la mienne. Prise de panique, je me suis levée d'un coup avant de m'arrêter net, debout, le fixant du regard. Les gens autours m'ont regardée d'un air étonné, alors, gênée, j'ai fait mon petit sourire forcé, avant de me rasseoir, mine de rien, toute rouge. Je n'y croyais pas. Voilà presque 1h30 que je le cherchais, et il était là, assis, une tasse de café à la main et un journal dans l'autre. Qu'allais-je faire ? Sans réfléchir une seconde de plus, je me suis levée et je suis partie en vitesse. "m...e, m...e, m...e, qu'est ce que je fais ?!" me répétais-je en boucle dans la tête.
Déçue, je me suis retournée, et... Crise cardiaque. Il marchait, juste derrière moi. Une folle interprétation germa dans mon petit cerveau. Est-ce... Est-ce qu'il me suivait ?! J'ai alors testé mon hypothèse. A droite. A gauche. Petite ruelle. Rond point. Petit parc. Mon dieu ! Il me suivait ! IL ME SUIVAIT ! Effrayée, j'ai accéléré le pas, jusqu'à me rendre compte que j'étais arrivée devant mon immeuble. Il était alors 16h20, tout au plus. Un sourire d'apaisement est apparu alors sur mon visage. "Mon cauchemar est terminé !" J'ai monté les escaliers, j'ai ouvert la porte. Que vois-je ? Ma mère, l'air perplexe, post-it à la main, téléphone de l'autre.
-"Qu... Qu'est ce tu fais ?
-Ah, Amélie, c'est toi. Rien, rien. Je... J'essaye d'appeler quelqu'un."
J'ai vite compris qu'il était inutile de demander des explications, je suis donc retournée dans ma chambre. Mais avant...
-"M...Maman... Tu étais où, hier soir...? Et cette nuit...? Je...
-Ce ne sont pas tes affaires, Amélie"
D'accord, j'ai compris. Frustrée, je me suis retournée mais... L'improbable se produisit. Elle m'attrapa la main.
-"Attends... Je suis désolée, Amélie. Tu veux bien t'asseoir deux minutes ..?"
Choquée, j'ai d'abord voulu refuser toute confrontation avec ma mère. Mais je ne sais pas pourquoi, j'ai retenu sa main et je me suis assise à ses côtés.
-"Par où commencer... Amélie, je suis consciente de tout ce que je fais... Tout ce que je vous fais subir. Je... Je ne sais plus ce que je fais..."
Elle s'est mise à pleurer. Du coup, moi aussi. Les mamans ne devraient pas pleurer. J'ai rassemblé tout mon courage pour lui répondre, d'une voix faible :
-"Ce n'est pas de ta faute.. Je comprends. Je ne suis pas non plus la fille idéale qu'une mère voudrait avoir. Je suis tellement..."
Je n'ai pas réussi à finir la phrase. Les pleurs prenaient le dessus. Je ne pouvais plus sortir un seul mot de ma bouche. Comme si je n'avais plus rien à dire. Comme si j'étais vide. C'est cela, se vider ? Si oui, je ne pensais pas que ça faisait autant de bien... Alors nous avons pleuré, toutes les deux, dans nos bras. Je crois que nous nous sommes comprises mutuellement. Je crois que tout peut évoluer... J'y crois enfin.
CHAPTER FOURTEEN. Oh yeeaaah.
Ma mère a enfin décidé d'agir en vraie mère. Ce matin, elle s'était levée aux aurores pour préparer des Pancakes. Quelle surprise de la voir souriante de si bon matin... À croire que ce n'était qu'une illusion. Je me fis à l'idée que cela n'allait pas durer longtemps, mais en profitai pleinement. Une dure journée d'examens m'attendait, je pris donc des forces, et, motivée comme jamais grâce à ce qui c'était passé hier soir, je pris le bus et arrivai au lycée, presque sûre de moi.
Je me rendis à l'escalier comme d'habitude. Mélissa ET Jack étaient là ! Heureuse, je souriais franchement et me hâtai de les revoir. Après quelques minutes de fous-rire, nous sommes retournés en classe. Ma merveilleuse classe. IRONIE.
Les filles étaient toutes là, blackberry en main, à crier comme des sauvages pour se faire remarquer. Charmant. Elles ont le don de me plomber le moral rien qu'en étant elles-même.
Contrôle de maths complètement raté. Puis cours de Physique, contrôle d'Anglais, cours d'Espagnol, cantine, contrôle d'SES et heure de sport.
Je profitais de cette dernière pour me défouler et libérer toute la haine qui s'était accumulée en moi pendant ses quelques heures insupportables en compagnie de mes chères camarades de classe. L'une d'elles s'approcha vers moi, me regarda de haut en bas et lâcha un "Pourquoi tu t'habilles toujours bizarrement ? C'est trop mooooooochee". Indifférente et presque habituée à ce genre de remarques, je fis mine de ne rien entendre. Mais une autre m'attrapa le bras violemment, me griffa au passage avec ses faux ongles de 4 kilomètres de long et me cria "EH ! Quand on t'parle, tu réponds, c'est claaaaair ?!". C'était de trop. Excédée, je la poussais aussi brutalement qu'elle, la regarda droit dans les yeux et lui balança un "JE FAIS CE QUE JE VEUX. C'est MA VIE, et j'ai le droit de ne pas répondre à vos remarques débiles ! J'ai pas envie de m'abaisser à votre niveau, je fais ce qu'il me plaît et ça ne vous regarde en aucun cas !" . Gros silence. Puis rire étouffé. Paniquée, je me retournais et vis Jack qui se retenait de rire. Je le regardais, aussi silencieuse que les garces à qui j'avais répondu. Puis il me regarda à son tour, avança vers moi, m'attrapa le bras et me tira vers lui en me murmurant doucement "C'est bien", avec un sourire tellement étrange que je ne le reconnaissais pas. Nous avons marché jusqu'à la sortie du gymnase, ignorant les autres filles, complètement hébétées, car c'était la première fois que j'avais osé leur répondre.
A la sortie du gymnase, Jack ne parlait pas. Un gros silence pesait, l'atmosphère était lourde au possible. Pourquoi ? Qu'est ce qui n'allait plus, entre nous ? Je n'ai rien dit, je me suis assise quand la sonnerie a retentit. Fin de l'heure ! Il en profita pour s'enfuir, me laissant seule dans mon tourbillon de questions sans réponses. Baaahhh...
CHAPTER FIVETEEN.
Pourquoi est-ce toujours à moi qu'on fait ces coups-là ? Jack m'a donc laissé en plan, moi, petit être qui ne comprenait rien. La sonnerie sonna une deuxième et dernière fois. Je m'empressais donc d'aller dans les vestiaires pour me changer. Je devais rejoindre Mélissa devant le portail pour aller boire un truc dans un bar avant de rentrer dans nos maisons respectives. Après m'être changée, je courus donc jusqu'au portail; Mélissa n'était pas là. Ou plus là ? Je regardais à droite, à gauche, rien. Puis j'entendis un rire familier, je me retournais et vis ma soeur et sa bande qui fumaient en rigolant et en parlant de tout et de rien. Visiblement, ils s'amusaient bien. J'hésitais un instant à aller la voir, de peur de gêner ou encore pire,me prendre un vent en lui demandant si elle n'avait pas vu Mélissa. Mais je pris mon courage à deux mains, marchais d'un pas décidé vers elle en l'interpellant :
-"... Emilie !"
Elle se retourna, l'air nonchalant.
-"Ouais ?"
Cet air désinvolte me déstabilisa un peu mais je continuais, prudemment :
-"Dis, tu n'aurais pas vu Mélissa, par là ? On devait se rejoindre et..."
-"Oui, je l'ai vu."
-"Ah... Elle..."
-"Elle vient de partir, pensant que tu ne l'as rejoindrait pas."
-"Ah... D'accord, merci hein..."
Après lui avoir adressé un sourire timide, je repartis, déçue de ne pas pouvoir passer ma fin de journée avec Mélissa. Pourquoi m'adresser à ma soeur me déboussolait à ce point ? Décidément, ma famille n'était vraiment pas comme les autres. Ou plutôt, je n'étais pas comme les autres. N'étais-je pas la seule qui avait des difficultés à ce socialiser ? Tout ce que je pouvais me dire pour me rassurer à ce moment là était "ce n'est pas ma faute. Je suis borderline." Chose qui finalement ne m'aidait pas beaucoup.
Après avoir envoyé un message à Mélissa pour m'excuser d'être arrivée en retard (sans pour autant lui expliquer pourquoi), je pris le bus de ville de 17:15 et arrivais chez moi vers 18:00. J'ouvrais la porte, elle n'était pas fermée à clé. Ma petite soeur était déjà là, dans le salon, en train de regarder la télé. Hypnotisée par ses dessins animés plus débiles les uns que les autres, elle ne m'aperçut même pas. Je traversais le couloir, ouvrais la porte de ma chambre et m'affalait sur le lit. J'étais fatiguée, exténuée.
CHAPTER SIXTEEN. Pensées noires.
"Pas grave ! On se fait ça une autre fois ? Lundi, après les cours ?
29 Nov. 2011 19:05
De : Mélissa"
"Merci, encore désolée. Oui, peut-être Lundi alors ! Bisous, bonne soirée !
29 Nov. 2011 19:08
A : Mélissa"
Je n'ai pas faim. Emilie vient juste de rentrer, elle prépare à manger, comme à son habitude. Coralie et elle se feront une joie de partager ce petit dîner toutes les deux. Dans ces cas-là, je ne suis pas indispensable. Je dirais même, quand je suis présente, je suis de trop. C'est vrai, les entendre et les voir rire toutes les deux en parlant de choses qui les regardent et qu'elles se partagent mutuellement, je n'en tire absolument rien. Même pas de la tristesse, rien. J'ai l'habitude; un an que tous les soirs, c'est ainsi. Maman est absente, Coralie et Emilie dînent, je suis dans ma chambre, à refouler mes pensées noires sur papier. Même quand je pensais que tout allait s'arranger. Oui, c'est vrai, depuis notre discussion, maman fait des efforts... Mais dans son cas, il faut que les efforts soient continus. Il faut qu'elle se motive, et, pour le moment, je crois qu'elle est encore trop faible pour se stimuler. Mais je patiente, je patiente. Un an de plus, un an de moins, c'est pareil...
#2 28-03-2011 23:31:00
- calissi
- Invité
Re: DRAMATIC DIARY
Rien que le début me plais , j'ai hate de connaître la suite !
#3 30-03-2011 10:38:51
- qwerty72
- Invité
Re: DRAMATIC DIARY
Merci beaucoup ! Chapter two en ligne.
#4 30-03-2011 13:56:39
- MisterKev
- Invité
Re: DRAMATIC DIARY
Cool
Audrey, pourquoi tu ferais pas des études sur les romans et autres ? Je te verrai bien en écrivaine ou poète
#5 30-03-2011 14:19:56
- calissi
- Invité
Re: DRAMATIC DIARY
Moi aussi, c'est super joli , Tu as beaucoup de talents
#6 30-03-2011 14:23:14
- bigboss57
- Banni
Re: DRAMATIC DIARY
*-*
Ouah trop beau !
Vivement la suite :3 .
#7 30-03-2011 14:42:30
- qwerty72
- Invité
Re: DRAMATIC DIARY
Merci beaucoup ! ^_^ Je ne vois pas ce qu'il y a de beau, mais bon... x) Merci !
MisterKev, l'année prochaine j'vais en 1 ère L, je vais faire un Bac Littéraire, puis aller dans une école de lettres modernes pour pouvoir faire journaliste, donc, oui, en gros j'écrirai xD... Merci !
#8 30-03-2011 15:21:18
- MisterKev
- Invité
Re: DRAMATIC DIARY
Oh, très bon choix Bonne chance
#9 30-03-2011 15:27:56
- calissi
- Invité
Re: DRAMATIC DIARY
Oui, bonne chance et vivement la suite
#10 30-03-2011 17:26:46
- bigboss57
- Banni
Re: DRAMATIC DIARY
Bah de toute façon, quand on voit comment elle écris, on voit tout de suite qu'elle est destinée à devenir ce qu'elle va devenir .
#11 31-03-2011 19:34:07
- qwerty72
- Invité
Re: DRAMATIC DIARY
C'est clair que je le fais aussi en fonction de mes capacités x)... Je ferai jamais scientifique. Y'a qu'à voir mes notes en maths... *se pend*
Bientôt la suite. Merci à tous.
#12 31-03-2011 19:56:15
- qwerty72
- Invité
Re: DRAMATIC DIARY
CHAPTER THREE EN LIGNE.
#13 31-03-2011 20:13:55
- calissi
- Invité
Re: DRAMATIC DIARY
YOUPII ! J'ai hate de le lire
#14 31-03-2011 20:42:47
- qwerty72
- Invité
Re: DRAMATIC DIARY
Ben, c'est mis en ligne là.
#15 31-03-2011 20:48:26
- calissi
- Invité
Re: DRAMATIC DIARY
Oui, j'ai lus, c'est très joli , et un petit peu triste ...
#16 31-03-2011 20:51:49
- qwerty72
- Invité
Re: DRAMATIC DIARY
Merci ! Dramatic Diary quoi ! :'O Mais bon... Tu verras bien la suite ! :3
#17 31-03-2011 20:56:51
- calissi
- Invité
Re: DRAMATIC DIARY
Oui, et j'ai encore hâte ! Ton style me plais ^^
#18 31-03-2011 21:49:59
- qwerty72
- Invité
Re: DRAMATIC DIARY
Merchi ! *O*
#19 31-03-2011 21:59:15
- calissi
- Invité
Re: DRAMATIC DIARY
Derien =3
#20 01-04-2011 18:46:19
- qwerty72
- Invité
Re: DRAMATIC DIARY
Nouveau chapitre en ligne !
Pleins de découvertes sur la vie d'Amélie :3 ... la suite plus tard. Bonne lecture !
#21 01-04-2011 22:27:53
- calissi
- Invité
Re: DRAMATIC DIARY
Ce chapitre était très passionant :'), tout le monde hait le jour de la photo de classe, je crois ='o
#22 01-04-2011 23:25:40
- LASARDINE
- Invité
Re: DRAMATIC DIARY
C'est superbe, j'adore trop . Et tant mieux si tu n'as pas de bonnes notes pour être scientifique .... on voit bien que tu es faite pour l'écriture
#23 02-04-2011 09:27:35
- momo98
- Invité
Re: DRAMATIC DIARY
J'adore . C'est magnifique ( comme toutes tes histoires je dirais ^^ ) . T'as du talent "meuf" ( oui, jme la joue kaïra en ce moment ^^ ), un grand talent !
#24 02-04-2011 10:17:26
- qwerty72
- Invité
Re: DRAMATIC DIARY
Ooooohh, vous êtes adorables, merci ^///////^ ! *blush*
#25 02-04-2011 14:49:33
- bigboss57
- Banni
Re: DRAMATIC DIARY
Excellent ! *o*
Continue le plus rapidement possible, j'ai hâte ! :'3